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La loi du milieu

 Et pendant qu'aux Etats Unis se dessinent les contours du roman noir et de son détective hard-boiled (dur à cuire), la France se plonge dans le milieu des truands, rapportant un galerie de personnages hauts en couleurs dont l'argot ciselé établira un nouveau genre littéraire. C'est la grande époque des malfrats et des tractions avant, des casses et des évasions.


 Et c'est Albert Simonin qui ouvre le feu en 1953 avec le désormais classique Touchez pas au grisbi (prix des Deux-Magots, adapté au cinéma par Jean Becker), premier volet d'une trilogie dédiée aux truands (un peu sur le retour). Suivront Le cave se rebiffe (1954 et adapté au cinéma par Gilles Grangier en 1961) et Grisbi or not grisbi (adapté au cinéma par Georges Lautner en 1963 sous le titre Les Tontons flingueurs).
Le cave se rebiffeCe natif de La Chapelle tour à tour fleuriste, taxi, maroquinier, électricien ou fumiste (personne dont le métier est d'installer ou de réparer les cheminées ou les appareils de chauffage!) consacre son œuvre à ce milieu dont il connaît parfaitement la saveur. Il nous livrera ainsi en 1968 le Petit Simonin illustré par l'exemple, un nouveau dictionnaire de l'argot. Un souci d'élégance de la langue que l'on retrouve également dans Du mouron pour les petits oiseaux (1960), Hotu soit qui mal y pense (prix mystère de la critique) ou L'élégant (1973), son dernier roman.

 

 Le milieu, José Giovanni lui aussi le connaît très bien et de l'intérieur !Le trou. José Giovanni
C'est en prison, sur les encouragements de son avocat qu'il écrit son premier roman, Le trou (1958) dans lequel il conte sa tentative d'évasion de la Santé (adapté au cinéma par Jean Becker). La même année, il sort Le deuxième souffle, Classe tous risques et L'excommunié.
Ses romans ont ainsi la particularité de mêler ses expériences personnelles à la fiction.

 Alphonse Boudard a lui aussi connu la prison. Apprenti dans une fonderie typographique, il prend le maquis en 1943 auprès du colonel Fabien avant de se faire cambrioleur et de connaître Fresnes. C'est en 1962 qu'il se consacre à l'écriture avec La métamorphose des cloportes. En une trentaine de romans il a évoqué le monde des taulards et de la prostitution, usant de l'argot dans Les combattants du petit bonheur et L'éducation d'Alphonse. Il a aussi écrit pour la télévision et le cinéma, notamment pour Jean Gabin, Simone Signoret, Alain Delon.

 Tout près d'eux, il faut citer des auteurs tels que
André Héléna André Héléna, forçat de la pointe bic (Les clients du Central Hôtel, Les héros s'en foutent, Les flics ont toujours raison, Par mesure de silence...)
 Pierre Lesou (Le doulos)
 Auguste Le Breton ( Du rififi chez les hommes, Razzia sur la chnouf, Le rouge est mis, Du rififi chez les femmes, Rafles sur la ville...). A l'instar de Simonin, il incluait un glossaire à ses romans pour aider le lecteur non averti et confectionna un dictionnaire Argotez, argotez.