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Après avoir écrit des romans populaires sous différents
pseudonymes (Frank Harding, Léo Latimer, Jean de Selneuves ou Lionel
Doucet) Léo Malet cet ancien poète surréaliste,
anarchiste et autodidacte publie sous son nom le premier roman noir
français 120, rue de la gare (1943) et crée son héros récurrent
Nestor Burma . Essai transformé d'acclimatation de la figure du détective
américain dans la France d'après-guerre. C'est dans la droite lignée d'Irish que l'on trouve le
Frédéric Dard d'avant San Antonio. Dans des romans tels
que Délivrez-nous du mal, Toi le venin, Le monte-charge, L'homme de
l'avenue, Le dos au mur, Les salauds vont en enfer ou Coma,
il jongle avec le noir et fait circuler l'angoisse. Duo au raffinement infernal, grands théoriciens du genre,
auteurs d'intrigues qui se resserrent comme un étau sur la victime,
Pierre Boileau et Thomas Narcejac nous entraînent dans des romans où le
quotidien se dérègle. Leur première collaboration est un succès (ils
considèrent L'ombre et la proie paru sous le pseudonyme d'Alain
Bouccarèje comme une maquette), Celle qui
n'était plus (1952) est immédiatement adapté au cinéma (Les
diaboliques) par Henri-georges Clouzot. Alain Demouzon, c'est l'auteur de la
pluie, du gris muraille et des mots de monsieur tout le monde ou l'art du
roman d'atmosphère. Même s'il reste un peu inclassable, il aborde le noir
avec Un coup pourri (1977) d'où sort le détective Nicolas Placard
et Adieu ma jolla (1978) titre hommage à Chandler. Il nous
ballade dans le XIIIème arrondissement de Paris dans
Château-des-rentiers (1982) sur les recommandations (en préface)
de Léo Malet. Jean Amila (pseudo de Jean Meckert) entre
lui dans la série Noire sur une commande qu'il signe John Amila. Y'a
pas de bon dieu (1950), dans la tradition des grands espaces
américains. Dans Les loups dans la bergerie, Noces de soufre,
Jusqu'à plus soif ou Langes radieux, il attaque la
glorification des truands et du monde du crime. Georges J. Arnaud (le J. Est ajouté pour
qu'on ne le confonde pas avec
l'auteur du Salaire de la peur) a tout
essayé du roman populaire à l'érotisme, en passant par la science fiction,
l'espionnage (où il se défend) et dernièrement le polar historique
(L'homme au fiacre, Le rat de la conciergerie...). Soit plus de
400 romans sous une bonne quinzaine de pseudonymes différents. Sans oublier, Francis Ryck qui fait souffler le vent de la contestation sur la Série Noire et invente la plupart des thèmes de la génération suivante. A lui tout seul il fait basculer le roman noir français dans le néo-polar, éclatant les codes du genre. On retiendra après son entrée dans la Série Noire en 1966 Prière de se pencher au dehors, Drôle de pistolet, Le compagnon indésirable, Chasseur de sable, Les heures ouvrables ou Fissure. La nuit des grands chiens malades d'A.D.G (1972), Le grand môme (1977), parodie du Grand Meaulnes d'Alain Fournier (son homonyme !) ou L'otage est sans pitié. Raf Vallet (Jean Laborde de son vrai nom) dénonce l'affairisme pompidolien par Mort d'un pourri et Adieu poulet. Ces derniers annonçant presque un nouveau roman noir français.
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