Histoire d'un genre
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Romans historiques

 C'est Ellis Peters ( Edith Pargeter de son vrai nom) qui lance la vogue des romans policiers historiques, même si certains s’y étaient déjà essayé avant elle (dont son compatriote Peter Lovesey qui explore l’ère victorienne dès le début des années 70).

 On pourrait définir le genre en disant que le principal protagoniste est l’époque : un moment donné dans un lieu défini.

Ellis PetersLa série consacrée au frère Cadfael, ce moine gallois d’une cinquantaine d’années, herboriste-détective (Ellis Peters a elle-même été assistante en pharmacie puis officier des services de communication ) à l’abbaye Saint Pierre et Saint Paul de Shrewsbury au XIIème siècle, va connaître un énorme succès. Elle voit le jour en 1977 avec Trafic de reliques. Suivront 19 romans, 3 nouvelles et une adaptation télé en dix épisodes.

Un cadavre de trop (1979), Le capuchon du moine (1980),  La foire de Saint-Pierre (1981), La vierge dans la glace (1982 ), L'hérétique et son commis (1989)…

 A la disparition d’Ellis Peters en 1995, Anne Perry devient la figure de proue de ce qui est désormais un genre à part entière. Cet auteur discret à la vie auréolée de mystère (en 1994, elle avouera s’être rendue complice de meurtre quelques 40 ans plus tôt) explore l’Angleterre victorienne et ses brumes. On croise ainsi dans ses romans des membres de la famille royale, des hommes politiques, le chirurgien Robert Liston, la suffragette Emmeline Pankhurst, Jack l'Eventreur, William Burke et William Hare voleurs de cadavres et assassins…

Elle anime deux séries. La première dont le personnage principal est Thomas Pitt, un flic londonien d’extraction modeste et sa femme issue de la haute bourgeoisie, tentant ainsi de briser le strict cloisonnement des classes sociales à l’ère victorienne. On les retrouve dans 18 romans dont L’étrangleur de Cater street, Rutland place, Le Mystère de Callender Square ou Rutland place.

Le deuxième héros récurrent est l’inspecteur William Monk, homme sans mémoire (devenu amnésiques des suites d’un accident) et donc sans passé qui finit par devenir privé : Un étranger dans le miroir, Un deuil dangereux, La marque de Caïn ou Scandale et calomnie.

 Autre temps, autre lieu, autres mœurs avec Robert Van Gulick et son juge Ti.

Cet ancien diplomate découvre en 1940 un manuscrit chinois anonyme du XVIIIème Van Gilcksiècle qu’il traduit en anglais sous le titre Dee Goong : three murder cases solved by judge Dee faisant ainsi revivre le Juge Ti, personnage historique de la dynastie T'ang et nous projetant dans l'Empire du Milieu 1300 ans en arrière.

L’univers de ce personnage, fin lettré aux pouvoirs étendus (dont celui d’avoir recours à la torture) est totalement dépaysant (ce qui pourrait être le propre de tout roman policier historique réussi).

Effluves de thé de Chine et de Jasmin garanties grâce à Meurtre à Canton, Le pavillon rouge, Le paravent de laque, Meurtre sur un bateau-de-fleurs, Assassins et poètes

(C’est d’ailleurs le juge Ti lui-même qui inaugurera en 1983 la collection Grands Détectives  chez 10/18, collection dont le catalogue en fait une véritable machine à remonter les temps).

 D’autres vont se confronter au genre :

 Caleb Carr, L’aliéniste (ou les débuts de la psychologie appliquée à l’enquête) puis L’ange des ténèbres

Le mon de la rose. Umberto Eco Umberto Eco, Le nom de la rose (très très bien) ou Le pendule de Foucault.

 P.D.James, Les meurtres de la Tamise (des faits divers du XIXème)

Maud Tabachnick, L’étoile du temple (à Troy sous le règne de Philippe le Bel)

 Il y a les « ethniques », où le lieu fixe les origines :

Tony Hillerman et ses polars Navajo. Là où dansent les morts (grand prix de littérature policière, 1987).

Charlotte Jay dans l’univers de la société colonialiste, sa corruption et son racisme. Au cœur de la jungle (Edgar Poe Award du meilleur roman policier, 1953).

Arthur Upfield et les aborigènes d’Australie (L’homme des deux tribus…)

John Phillips Marquand et la série des Mr. Moto, célèbre limier asiatique, meilleur agent des services secrets japonais (Merci, Mister Moto (1936), Bien joué, Mister Moto (1937), Mr.Moto est désolé (1938) et Rira bien, Mister Moto (1939). (L’attaque de Pearl Harbor mettra fin à ses exploits).

  Et puis il y a les arpenteurs, là où l’espace donne le ton, ou des polars géographiques. C’est le lieu à un moment donné :

Stuart Kaminsky et la Californie (années 40), les enquêtes de Toby Peters, 48 ans, ancien flic, ancien vigile à la Warner et son chat nommé Dash. Il travaille et croise Bette Davies (Et le diable rencontra la femme), la femme de Roosevelt, Cecil B. DeMille, John Wayne, Charlie Chaplin et embauchera même le détective Hammett pour le seconder !

Manuel Vazquez Montalban et l’Espagne de Pepe Carvalho détective privé philosophe

(Les mers du Sud, Meurtre au comité central, J’ai tué Kennedy…).Léo Malet

Léo Malet et ses Nouveaux Mystères de Paris (dans 15 arrondissements)

Jean-Claude Izzo et sa trilogie marseillaise : Total Khéops (1995)(trophée 813 du meilleur roman), Chourmo (1996) puis Soléa.

Pierre Magnan, régionaliste des Alpes de Hautes Provence (Le sang des Atrides, prix du quai des Orfèvres 1978), le Giono du polar…